Le garçon qui parlait aux poutres du plafond
Je voulais au départ écrire une histoire d’enfant sauvage.
Sauvage pour de vrai, comme celle de Victor de l’Aveyron, égorgé, laissé pour mort, survivant seul dans les bois et découvert dans les monts de Lacaune en 1799 près du col de La Bassine. Une histoire dont Lucien Malson fit un livre en 1964 et François Truffaut un film en 1970.
Ou pour de faux, comme celle d’Émile, le petit cobaye fictif de Jean-Jacques Rousseau, héros de son traité de pédagogie romancé de 1762, éduqué à la campagne, à l’abri de la civilisation corruptrice des villes, sous les ordres d’un précepteur doctrinaire, omniscient et manipulateur, qui écrit le scénario et organise la mise en scène, plein de bonne conscience par ailleurs et sûr de son bon droit puisqu’il ne veut que le bien de son élève.
Puis je me suis dit que, des formes et des degrés de sauvagerie, il en existe des tas. Que, quoi qu’on fasse, on sera toujours le sauvage de quelqu’un. Que tout enfant qui naît est au départ un petit sauvage qui nous observe comme des animaux étranges, puis s’habitue peu à peu à nous et nous imite pour survivre, parce qu’il comprend qu’il dépend entièrement de nous. Ou que c’est peut-être nous qui projetons sur lui ce genre de cliché ou de fantasme.
Alors j’ai trouvé mon jeune Victor : un adolescent de quatorze ans élevé de nos jours en Ariège par les survivants d’une ancienne communauté hippie, loin de la ville et de la télé, déscolarisé mais au courant de tout grâce à Internet ; tiraillé entre deux mondes, mais capable de passer de l’un à l’autre, et de frôler les dangers du nouveau, consolidé par toutes les protections fournies par l’ancien. Un adolescent qui, comme tous les autres, se sent différent, ou aimerait passer pour tel aux yeux des autres, mais est aussi attiré par eux, comme seuls les contraires peuvent s’attirer. Un adolescent qui comprend peu à peu tout ce qui ne peut pas se dire autour de lui – et qu’il devine derrière ce qu’on veut bien lui dire –, qui arrive à se dégager des choix que voudraient lui imposer les siens ou les autres, et qui acquiert la capacité de passer à autre chose et d’aller voir ailleurs, de choisir sa propre voie et sa propre vie, sans se ranger dans l’un des deux camps, comme ils voudraient tous l’y contraindre.
On l’aura compris, ceci est un roman d’apprentissage, d’initiation et de passage.
Éditeur : | Librinova | Langue : | français |
---|---|---|---|
Genre : | Littérature | Sortie : | 27 juillet 2018 |
Sous-genre : | Roman | ||
Biographie
Joaquin Ruiz
Je suis né en 1948 à Brassac (Tarn).
J'ai étudié à Vabre, puis à Toulouse :
Ecole Normale d'instituteurs
Faculté des Lettres : Maîtrise et Agrégation de Philosophie
Faculté de Médecine de Rangueil : Docteur en médecine, spécialité Psychiatrie
J'ai été professeur agrégé de philosophie au Lycée du Mirail (Toulouse) jusqu'en 1994, puis psychiatre et psychothérapeute (Toulouse) jusqu'en 2014.
J'ai publié jusqu'ici douze livres :
Lecture de Spinoza
Dits et inter-dits
Scopies
Un Nobel à Davos
Un hiver dans le Tarn
Cabanes
Erres
Fuites
Rêves
Les carnets de la canicule
Dialogues sur un banc par temps de guerre civile
Etranges retours